À l’international
Afin de mieux comprendre ce que représente un ordre et de s’inspirer de ce qui est fait dans d’autres pays, l’ACOPsy est allée à la rencontre d’interlocuteurs à l’international : Rose-Marie Charest, auparavant présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, et Jonathan Dujardin, responsable communication de la Commission des psychologues de Belgique.
Le Québec : un ordre bien établi
HISTORIQUE : en savoir plus
En 1962, le gouvernement du Québec adopte la loi 110 qui réserve l’usage du titre de psychologue aux membres de l’ordre. Ceci marque un premier succès important compte tenu de l’opposition farouche du Collège des médecins qui avait jusque-là l’exclusivité [2].
Par la suite, un comité de formation est créé afin de vérifier que le diplôme correspond aux exigences de l’ordre (formation suffisante en évaluation, intervention, déontologie, encadrement des stages, etc.). L’ordre travaille désormais avec les universités pour assurer des critères de qualité de la formation des psychologues.
En 1983, ratification du code de déontologie des psychologues du Québec, alors qu’ils se référraient jusqu’à présent au code d’éthique de la Société Canadienne de Psychologie [4].
En 1995, il est désormais obligatoire de réussir un cours de déontologie de 45h délivré par l’Ordre ou compris dans la formation initiale afin d’obtenir le titre de psychologue ou de psychothérapeute [5].
En 1998, l’élection de Mme Charest à la présidence de l’Ordre marque un tournant. Elle est la première femme à présider, mais également la première psychologue n’étant pas professeur universitaire. Durant son mandat de 17 années, elle œuvre à mieux communiquer le rôle du psychologue auprès du grand public [6].
En 2000, l’Ordre entreprend une révision du code de déontologie [7]. L’ordre s’appuyant sur le code afin de rendre des décisions, il est important que ce code soit prescriptif et qu’il s’avère clair et précis.
En 2006, l’Ordre obtient la mise en place du doctorat comme exigence pour accéder au titre de psychologue [4,8]. Avant cette mesure, la formation comptait 750 heures de stage durant la maitrise. Ceci était source de mécontentement pour 3 raisons :
- les psychologues ne se sentaient pas suffisamment formés et allaient suivre des formations, parfois dispendieuses. Cela donnait beaucoup de professionnels qui disaient ne pas se sentir compétents, et ne donnait pas une bonne image de la profession.
- Le doctorat donne des jeunes professionnels qui se sentent compétents dès le début, et sont aussi friands de formation continue. Plus on est formé et plus on souhaite se former.
- Création de la définition de la psychothérapie athéorique, permettant de couvrir l’ensemble des pratiques, inspirée d’une définition de l’OMS et adaptée au contexte.
- À l’avenir, il faudrait que les psychologues soient capables de poser officiellement un diagnostic.
En 2012, le projet de loi 21 permet désormais d’encadrer la pratique de la psychothérapie . L’entrée en vigueur de cette loi est le résultat d’une longue bataille menée par l’ordre des psychologues [9]. Cet acte devient réservé aux psychologues et aux détenteurs du titre de psychothérapeute. Cette loi prévoit également l’encadrement de l’acte d’évaluation des troubles neuropsychologiques. L’ordre délivre les permis aux personnes compétentes et s’assure que la pratique ne soit pas usurpée par des professionnels n’ayant pas les qualifications requises.
Références
[1] Maltais, K., & Villemaire, L. (1981). Les femmes dans les corporations professionnelles: La Corporation des psychologues de la province de Québec. Lescahiers du psychologue québécois, 3(02), 27–30. [2] Corriveau, R. (1998). Les psychologues québécois et le Canadian code of ethics. Canadian Psychology/Psychologie canadienne, 39(3), 219. [3] Bourque, E. (2011). La clientèle du psychologue: aspects théoriques et juridiques (Doctoral dissertation, Université du Québec à Trois-Rivières). http://depot-e.uqtr.ca/id/eprint/2047/1/030188006.pdf [4] Allard, F. (2015). L’adoption du projet de loi n 21 et les effets sur la psychothérapie au Québec: Une étude descriptive. http://hdl.handle.net/1866/11522 [5] Code des professions (chapitre C-26, a. 94, par. i). Règlement sur la condition et les modalités de délivrance des permis de l’Ordre professionnel des psychologues du Québec. http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/C-26,%20r.%20215%20/[6] Côté, D. (2015). Rose-Marie Charest, psychologue : 17 ans de Présidence sous le signe de la détermination. Psychologie Québec, 32(3), 16-20. https://www.ordrepsy.qc.ca/documents/26707/63191/Psychologie+Qu%C3%A9bec+-+mai+2015/20d21873-09fe-4e68-93ff-a8156cbe9fa3 [7] Ordre des psychologues du Québec. Rapport Annuel 2002-2003. http://www.assnat.qc.ca/Media/Process
[8] Beaulieu, S. (2006). Le règlement sur le doctorat: c’est chose faite!. Psychologie Québec, 26(05), 7.
[9] Beauséjour, M. (2012, août). Rose-Marie Charest. La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/regional/personnalites-la-presse/201208/20/01-4566462-rose-marie-charest.phpMISSIONS : en savoir plus
- Délivrer les permis de psychologue et de psychothérapeute
- Surveiller la pratique illégale de la psychothérapie et l’usurpation du titre
- Recevoir les signalements du public et référer au conseil de discipline
- Procéder aux inspections professionnelles
- Offrir de la formation continue
- Vérifier l’ accomplissent de la formation continue
- Publier des lignes directrices indiquant les meilleures pratiques en psychologie
- Représenter les psychologues au sein du système professionnel
- Informer le public quant à ses droits
- Intervenir dans les médias sur des sujets liés à la psychologie
STRUCTURE : en savoir plus
Conseil de discipline : Il reçoit les plaintes formulées contre un psychologue ou un psychothérapeute non membre d’un ordre professionnel, entend les parties et leurs preuves, et détermine s’il y a eu infraction aux lois professionnelles et aux règlements s’y appliquant. Exemples de sanctions : la réprimande, une formation en déontologie, une supervision temporaire, la restitution d’une partie des honoraires, la radiation temporaire ou permanente
Comité d’équivalence : Examine les demandes d’admission des candidats qui détiennent des diplômes étrangers ou des diplômes n’apparaissant pas sur la liste des diplômes désignés comme donnant ouverture au permis de l’Ordre
Comité de la formation des psychologues : Examine les questions portant sur la qualité de la formation initiale des psychologues. Pour ce faire, ce comité a comme tâche essentielle d’évaluer, selon l’avancement des connaissances et de la pratique, les objectifs des programmes de psychologie
Comité d’inspection professionnelle : Surveille l’exercice de la profession, en vérifiant si les membres s’acquittent de leurs obligations professionnelles avec compétence
Comité d’évaluation des demandes de permis de psychothérapeutes : Évalue les demandes de permis de psychothérapeute provenant de membres d’ordres professionnels
Comité d’évaluation des demandes d’attestation de formation pour l’évaluation des troubles neuropsychologiques : Ce comité a pour mandat d’évaluer les demandes formulées par certains psychologues qui souhaitent obtenir une attestation les autorisant à pratiquer l’activité réservée d’évaluation des troubles neuropsychologiques
La Belgique : un ordre en formation
HISTORIQUE : en savoir plus
En 1998, la Commission des psychologues de Belgique est établie conformément à la loi de 1993. Cette commission est placée sous la tutelle du Ministère des classes moyennes et des indépendants, la Belgique comptant de nombreux psychologues en profession libérale.
En 2014, la loi du 4 avril 2014 permet l’inscription dans la loi du code de déontologie et impose à chaque psychologue de le respecter. De plus, cette loi permet l’encadrement de l’exercice de la psychologie clinique . L’exercice de la psychologie clinique se distingue en Belgique de l’exercice de la psychothérapie , exercice réservé aux psychologues cliniciens, médecins et orthopédagogues cliniciens.
En 2016, sous l’impulsion du ministère des Affaires sociales et de la Santé publique, les psychologues cliniciens sont reconnus légalement comme une profession de soin de santé. Bien que majoritairement favorables à cette mesure, les psychologues belges craignent que la Commission des psychologues ne soit plus reconnue compétente pour représenter et organiser la profession. En effet, ce rattachement au ministère de la santé pourrait empêcher la commission de remplir son rôle puisqu’elle dépend du ministère des classes moyennes et indépendants.
En 2021, la commission des psychologues est en démarche afin d’évoluer vers le statut d’Ordre des psychologues. L’évolution vers une structure ordinale permettrait que la présidence ne soit plus un magistrat désigné par le gouvernement, mais un·e psychologue élu·e démocratiquement par ses membres.
MISSIONS : en savoir plus
Les principales missions de la Commission des Psychologues de Belgique :
- Régulariser l’usage du titre de psychologue afin d’empêcher les agissements de personnes n’ayant pas les compétences d’un psychologue
- Répertorier les psychologues pour faciliter l’accès au grand public
- Surveiller le respect des règles d’éthique à travers le code de déontologie du psychologue
- Rendre des décisions disciplinaires lors de litiges impliquant des usagers insatisfaits
- Représenter la profession auprès des autorités et intervenants
- Communiquer auprès du grand public sur l’expertise des psychologues et leur engagement à suivre des normes déontologiques élevées
STRUCTURE : en savoir plus
- L’assemblée plénière : organe décisionnaire composé de la présidence et de 45 représentants des fédérations agréées
- Le bureau : supervise le fonctionnement quotidien
- Le personnel : exécute les décisions de l’assemblée plénière
- Les instances disciplinaires : composées du conseil disciplinaire et du conseil d’appel, ces instances statuent sur les éventuelles infractions au code de déontologie. Ces organes indépendants sont présidés par des avocats d’expérience, ainsi que des membres psychologues élus.
Synthèse des avancées de la profession de psychologue à l'international
France | Belgique | Québec | |
---|---|---|---|
Création d'une instance de représentation et de régulation de la profession | En cours? | 1993 | 1962 |
Ratification du code de déontologie des psychologues | X | X | X |
Inscription du code dans la loi | X | X | |
Protection du titre de psychologue | X | X | X |
Surveille l'utilisation abusive de titres dérivés (ex: psychopraticien, psychoénergéticien) | X | ||
Protection de l’acte de pratique de la psychothérapie/psychologie clinique | X | X | |
Droit de poser un diagnostic psychologique | X | X | |
Octroi du statut de professionnel de santé | X | X | |
Création d’un doctorat de pratique | X | ||
Protection de l’acte d’évaluation des troubles neuropsychologiques | X | ||
Rémunération obligatoire des stages/internat en psychologie | Sauf stages de plus de 300h | X | |
Salaire d'un psychologue hospitalier en début de carrière (mensuel brut) | 1 828 € | 3 374 € | 3 365 € |
Salaire d'un psychologue hospitalier en fin de carrière (mensuel brut) | 3 154 € | 4 917 € | 5 068 € |
Jonathan Dujardin, ancien membre de la Commission des Psychologues de Belgique
Michel Roy, ancien inspecteur de l’Ordre des Psychologues du Québec
Références barême salarial :
France : https://www.emploi-collectivites.fr/grille-indiciaire-hospitaliere-psychologue-hospitalier/2/85.htm
Québec : http://n02.pub.msss.rtss.qc.ca/AfficherDetails.aspx?TitreEmploi=1546
* Première prise de poste = échelon 7 associé à un taux horaire de $33,34 (Salaire mensuel de $5 056,56)
* Fin de carrière = échelon 18 associé à un taux horaire de $49,82 (Salaire mensuel de $7 556,03)
Dernière mise à jour de cette page : 12 / 04 / 2024